Et si nous revenions quelques temps en arrière, à l’époque où l’homme construisait son habitat avec les matériaux qui l’entouraient ? Finalement, ce n’est pas si loin ! Quelques dizaines d’années, à peine un siècle, nous ont presque fait oublier ce que des générations savaient se transmettre.
L’habitat en terre : un matériau d’avenir
L’habitat en terre est de retour ! Sous toutes ses formes : en brique, coulée, tassée, mélangée à des fibres, projetée… La mise en œuvre de ce matériau incroyable, disponible juste sous nos pieds, permet de construire des bâtiments aux qualités hygrothermiques et acoustiques indéniables. La terre crue est inerte, transformable, modelable, réutilisable à l’infini ! Elle offre de belles perspectives de construction pour le secteur du BTP, avec son faible impact environnemental qui s’inscrit dans l’économie circulaire. Un atout qui est à prendre en compte face aux enjeux de la planète !
Un patrimoine riche et diversifié
Les constructions en terre crue offrent un habitat à une grande partie de l’humanité, sur tous les continents. La France possède un riche patrimoine en terre crue (1 million de logements environ et 15% du patrimoine bâti), datant pour la plupart de plus d’un siècle. Les mises en œuvre sont différentes d’un territoire à l’autre et ancrées dans les habitudes constructives traditionnelles locales.
Des procédés anciens ou innovants
De nombreux procédés anciens ou innovants sont utilisés : l’adobe (briques de terre moulées séchées), la bauge (terre malaxée modelée et empilée pour former un mur porteur), les Blocs de Terre Comprimée (BTC) qui sont maçonnés pour former des murs porteurs, les enduits appliqués sur la surface des murs, le pisé (terre tassée dans un coffrage pour réaliser des murs porteurs), la terre allégée (mélange de terre et de fibres végétales), le torchis qui vient remplir des structures porteuses…
Conférence du 6 juin : échanges et perspectives
Le 6 juin dernier, nous avons participé à une conférence dans le cadre du Cycle TERRE organisé par la Maison de l’Architecture de Poitiers, réunissant divers experts pour discuter de l’avenir de la construction en terre crue. Cette table ronde, qui a réuni des architectes, des entreprises, des chercheurs, des associations et des collectivités territoriales, visait à échanger sur les expériences et les attentes de chaque acteur dans la mise en place et le développement de la filière Terre. Florence Pérot, coordonnatrice pédagogique de BTP CFA Poitou-Charentes, est intervenue pour parler du retour d’expérience de notre action de formation en terre crue menée en mars dernier auprès des formateurs de BTP CFA Poitou-Charentes et organisée par le Cluster Odéys. Les maquettes réalisées par nos formateurs, présentées à l’exposition attenante intitulée « Cycle Terre » et ouverte jusqu’au 27 juillet 2024, illustre concrètement les possibilités de ce matériau.
Points saillants de la conférence
Lors de cette conférence, il a été rappelé que la terre crue, bien que longtemps oubliée, est revenue sur le devant de la scène dans les années 80 et connaît aujourd’hui un regain d’intérêt dans les projets de construction actuels. Les intervenants, souvent professionnels, chercheurs et architectes, ont apporté de nombreux points techniques sur ce matériau et les possibilités de constructions ainsi que les freins rencontrés dans cette filière. La terre crue possède de nombreuses qualités : frugale, saine, isolante, régulatrice d’humidité, et possédant une excellente inertie thermique. Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de normalisation, d’assurances, et de perception publique. Sur notre territoire, des exemples de patrimoine en terre crue existent, comme à Ouzilly-Vignolles ou à la maison acadienne d’Archigny dans la Vienne. La construction en terre crue s’appuie sur des expériences locales et traditionnelles.
Collaboration et partenariats pour une filière terre solide
Les acteurs de la filière terre crue sont dans une dynamique de partenariats avec des interlocuteurs divers, incluant des architectes, des bureaux d’études, des clusters, des organismes de formation, des associations, des fabricants et des collectivités territoriales. L’objectif est de dynamiser cette filière et de la consolider grâce à des certifications et des réseaux de formation. Les acteurs locaux sont indispensables pour réussir ce projet ambitieux et prometteur.